samedi 26 décembre 2009

21 au 26 décembre, Nebaj, Cotzal et Chajul






Nous sommes rendus dans ce qu'on appelle ici le Triangle Ixil, qui comprend les villages de Nebaj, de Cotzal et de Chajul, niché au coeur des montagnes Cuchumatanes, les plus hautes montagnes non-volcaniques d'Amérique Centrale.


Au cours de notre séjour, nous logeons à Nebaj, la plus grosse ville de la région. Cette ville en soi n'est pas la plus intéressante, étant très bruyante, surtout pour la période des fêtes. Notre hôtel donne sur la place, un carrefour des différents transports locaux. Nous passons ici un réveillon de Noël malgré tout assez paisible, arrosé de notre première bouteille de vin au Guatemala.




Notre intérêt pour Nebaj a surtout été pour les costumes traditionnels que portent les femmes, de même que plusieurs hommes. Les femmes sont réputées pour les magnifiques rubans à pompons pourpres, verts et jaunes qu'elles tressent dans leurs cheveux.










Les hommes portent le chaleco, un gilet avec ou sans manches, ainsi qu'un chapeau tressé de palmes. Joël s'est offert l'ensemble chaleco avec chapeau.










Les habitants mayas Ixil sont peut-être ceux qui ont souffert le plus au cours de la guerre civile, qui a duré 36 ans, jusqu'en 1996, année de la signature d'un traité de paix. La région a subi de terribles épreuves en particulier durant la brutale dictature d'Efrain Rios Montt (1982-1983), lorsque la population locale est devenue la première cible d'une armée impitoyable, résolue à chasser la guérilla. Massacres et disparitions faisaient partie du quotidien, et plus d'une vingtaine de villages ont été rasés. Aucune famille n'a été épargnée. Plusieurs ont du fuir vers le Mexique ou se sont réfugiés dans les forêts environnantes pour survivre. La population du Triangle Ixil est toujours très appauvrie.


Le lendemain de notre arrivée à Nebaj, nous allons à la rencontre de Pedro, un jeune Guatéamaltèque de 23 ans, rencontré à Chichicastenango, qui nous a invités dans son village de Cotzal. Il s'occupe d'une coopérative de tissage, regroupant des veuves du conflit du début des années 1980, dans le but de les aider à subvenir à leurs besoins, dont nourrir leurs enfants.











Afin d'amasser plus de fonds pour la coopérative, il offre un tour aux touristes, permettant de connaître la réalité de ces femmes. En sa compagnie, nous partons dans le village. Jusqu'à maintenant, nous avons visité plusieurs villages du Guatemala, sans jamais avoir eu l'occasion d'entrer dans les maisons. Pour la première fois, et par l'intermédiaire de Pedro, nous avons eu l'opportunité de visiter plusieurs d'entre elles, ce qui nous a permis de constater que l'on peut vivre avec si peu en comparaison de nos critères de confort.










La première femme rencontrée, âgée de 60 ans, nous raconte plusieurs faits de sa vie, dont les horreurs de la guerre civile. Malgré toutes ses difficultés, le tissage appris dans sa jeunesse lui a permis d'amasser un peu d'argent, lui permettant de construire elle-même sa maison en adobe, démontrant sa grande force de caractère. C'est avec beaucoup d'émotion que nous avons écouté son récit, tout en partageant un café, assis dans sa cuisine.










La visite se poursuit chez une autre femme, nous expliquant les techniques du tissage à la main. Nous sommes impressionnés par la finesse du travail, une technique très compliquée, donnant un résultat d'une grande qualité.










En repartant, nous croisons une dame de 85 ans qui nous présente un de ses chefs-d'oeuvre, un huipil de cérémonie qui a nécessité 6 mois de travail, qu'elle désire vendre pour un prix modique d'environ $70.00 dollars ou 55 euros. Elle tient à le vendre elle-même, sans passer par la coopérative, pour connaître la personne qui l'achètera.










Pedro nous présente ensuite une autre veuve de guerre, qui nous enseigne le processus ancestral mais toujours actuel de torréfaction et la technique de mouture du café. Chez elle vit sa mère, âgée de 80 ans, ainsi que son unique fille et son jeune enfant, qui sont venus se réfugier à la suite de l'assassinat récent de son mari, qui occupait un poste de gardien de sécurité à la capitale. Les temps sont très difficiles pour cette famille, tant éprouvée. 










Sur la dernière photo, un autel, dans la chambre commune de la maison, est dédié aux deux défunts, qu'elles associent aux souffrances du Christ.











Nous sommes conviés à dîner chez les parents de Pedro, en compagnie de deux couples de touristes qui nous ont rejoint en chemin. Notons qu'un de ces couples, des français, ont beaucoup aidé Pedro au développement de la coopérative, dont la création d'un site internet : http://www.tejidoscotzal.org
Lorsque vous accédez dans le site, pour avoir le texte en français, cliquez sur le drapeau français.


Au menu, une spécialité Ixil, pâte de maïs enrobée de feuilles sauvages, ressemblant à des épinards, que l'on trempe dans une sauce à base de graines de courges grillées et de tomates, un délice !!!










Après le dîner, nous repartons vers une autre maison, à la découverte du processus manuel de fabrication des tortillas. Même si cela paraît facile, nous rencontrons un échec en tentant de réaliser notre propre tortilla.










Notre hôte cuisine maintenant sur un poêle comportant une cheminée, offert partiellement par une ONG, ce qui remplace l'ancienne technique de cuisson au sol, qui enfumait les maisons et donnait des problèmes pulmonaires à ses habitants. Pour ceux qui bénéficient de ce programme, cela représente une amélioration importante dans leur qualité de vie. Toutefois, elles continuent à nous préparer le café sur le feu de bois à même le sol, bien plus rapide...










Dernière étape de la visite chez une dame qui fabrique des bougies, très utilisées dans toutes les cérémonies mayas, de même qu'à l'église. Elle verse de la cire chaude sur les mèches, attachées sur un grand cerceau de bois qu'elle tourne, jusqu'à ce que la taille de la bougie soit acceptable. Imaginez le temps que cela peut prendre.










Nous quittons Pedro et ce magnifique village de Cotzal, impressionnés par tout ce que nous y avons vécu et appris, nous en garderons un souvenir inoubliable, avec l'envie d'y séjourner plus longtemps pour éventuellement leur apporter plus d'aide. Merci à Pedro et à toutes ces femmes pour leur accueil chaleureux et leur joli sourire.


Dernier village du Triangle Ixil, Chajul, nous y admirons son panorama


son église datant de plus ou moins 1524



et ses multiples maisons coloniales très bien conservées.











Comme à l'accoutumée, nous retrouvons ici aussi des tenues traditionnelles très colorées et avec des motifs propres au village.











Avant de quitter Nebaj, nous faisons une petite randonnée dans les montagnes environnantes, à la rencontre d'une cascade, en suivant un joli ruisseau.










Quelques photos insolites prises au cours de notre séjour dans ce merveilleux endroit.











Prochain rendez-vous à Todos Santos Cuchumatan, où vous verrez Joël en costume traditionnel, qui attire de nombreux regards souriants dans la poursuite de notre voyage.


Nous souhaitons un excellent début d'année 2010 à tous nos amis lecteurs du blog.